Votre navigateur ne reconnait pas les scripts, désolé.
The Smashing Pumpkins . Revue de Presse
- Mars 1996 - Guitar Part (24)
- Corgan, un authentique leader
Retour Revue de Presse

    L'ordre Corgan règne au sein des Smashing Pumpkins

    En musique, il y a leader et leader. Ne pas confondre ! Dans le premier cas, le leader n'est pas forcément le pilier de la troupe, mais son bagoût et son aisance face aux médias le hissent naturellement au rang de ministre de la communication ; dans le second cas, le leader est un leader de fait.

    Comme son nom l'indique, le leader mène, il dirige, il pousse en avant, insuffisant grâce à son énergie créatrice et à sa verve communicative le courant qui portera tous les autres membres du groupe. C'est précisément le portrait de Billy Corgan, authentique leader des Smashing Pumpkins.

    Un groupe hétéroclite

    Car si les relations internes au quartette de Chicago n'ont pas toujours été au beau fixe, Billy Corgan est apparu, depuis 1989, comme le véritable maître d'oeuvre de leur réussite. Le rôle de celui-ci était d'autant moins évident que Chamberlin (batterie), D'Arcy (basse), Iha (guitare) et lui-même (guitare/chant) n'ont jamais été des amis au sens strict. Comme Corgan le reconnaît lui-même, les Smashing Pumpkins ne sont que des individualités réunies autour d'une même cause : porter la musique plus loin. Beaucoup plus loin. Billy Corgan : "La seule chose qui ous a rassemblés dès le début, c'était le désir de mettre en pratique une certaine idée de la musique. Par la suite, seulement, nous nous sommes découverts les uns les autres. Mais les Smashing Pumpkins sont l'antithèse d'un gang. Nous ne pensons de la même manière, nous marchons, nous nous habillons chacun différemment... Seule la musique constitue une priorité." Une telle détermination s'explique par le fait que Corgan (vingt-huit ans), avant que de tomber dans le chaudron de la musique, n'avait guère matière à se passionner. Du reste, sa jeunesse ressemble plutôt à un combat qu'il aurait livré contre lui-même.

    Fils de blues

    Dépressif, solitaire et flanqué d'un frangin attardé, le leader des Smashing Pumpkins a passé le plus clair de son enfance à essayer de nouer une relation forte avec son père, lui-même guitariste de blues. Rien n'était moins évident.

    Au milieu d'un entourage plutôt restreint à géométrie variable, Corgan a donc sombré corps et âme dans la musique, histoire de montrer à ses proches de quel bois (ébène ou palissandre) il se chauffait. Au demeurant, Corgan reconnaît que la souffrance, au même titre que le bien-être, favorise l'épanouissement musical : "Ces deux états, bien qu'opposés, sont des champs propres à la création. Si tu es tourmenté, il y a forcément une résonance singulière et profonde dans ta musique. Il se peut aussi que tu sois tellement torturé que tu es absolument incapable de traduire ce sentiment en musique. Je crois que le mieux pour composer, c'est d'être entre ces deux états : pas totalement déprimé mais pas complétement bien."

    Après deux années passées à évoluer au sein de The Marked, Corgan s'est associé avec le guitariste James Iha en 1988, s'attachant à forger le son des Smashing Pumpkins.

    Au point que, lorsque la bassiste D'Arcy Wretsky et le batteur Jimmy Chamberlin ont rejoint la formation, la sauce avait déjà pris. Dans le quartette, il était évident, dès les premières secondes, que le rôle de leader, échoirait à Corgan, infatiguable compositeur et non moins remarquable organisateur. Résultat : au quatrième de leur concert, les Smashing Pumpkins partageaient l'affiche avec Jane's Addiction et décrochaient en 1990 un contrat avec Caroline, un indie localement bien implanté.

    Néanmoins, cette réussite relativement précoce allait attirer sur eux les foudres des galériens du rock et de la presse locale. C'est qu'il y avait alors quelque chose d'insolent dans cette ascension brutale, alors que tant de formations restaient cloîtrées dans la confidentialité. Malgré tout, les fans ne boudèrent pas leur premier album, "Gish", bien au contraire. Quant à la tournée qui suivit, elle fut aussi exhaustive qu'éprouvante. C'est, du reste, la soudaineté de leur notoriété qui engendra les premières tensions au sein du quartette. Ainsi, D'Arcy et Iha, qui s'étaient laissé aller à la romance, revinrent à des relations strictement professionnelles, alors que Chamberlin sombrait dans les abysses de la drogue et de l'alcool. Quant à Billy Corgan, son rôle de manitou commençait à lui monter au cerveau. Dans ce contexte pour le moins houleux, les Smashing Pumpkins étaient à deux doigts du clash. Belle occasion pour la star montante de procéder à un repli stratégique, histoire de faire le point et d'envisager l'avenir du groupe...

    Rêves siamois

    De ces cogitations narcissiques masi nécessaires naquit "Siamese Dream", qui allait instantanément asseoir la renommée internationale du quartette. Naturellement, l'album n'apparaissait pas vraiment comme un hymne au bonheur, mais bien plus comme l'expression d'inextinguibles souffrances. Ainsi Space Boy évoquait le frère attardé de Corgan et Disarm retraçait les maux de sa jeunesse. Se retrouvant tant dans la musique que dans les textes, le grand public n'a pas tardé à noyer cette seconde pièce des Smashing Pumpkins sous les flots du platine.

    Cependant, au-delà du succès colossal recueilli par l'album, nombre de critiques s'insurgèrent contre les tendances fascinantes du leader, qui avait lui-même assuré toutes les parties de guitare et de basse. Au cours de l'été 1994, les Smashing Pumpkins, têtes d'affiche de la tournée Lollapalooza, mirent un terme aux rumeurs de séparation. Corgan avait renoué avec Iha et D'Arcy ; quant à Chamberlin, il avait enfi surmonté ses problèmes de dépendance. Ne se contentant pas seulement de jouer aux rockers resoudés, les membres du groupe ont fait alors une prestation particulièrement brillante qui leur a permis d'être confirmés comme une des formations les plus prometteuses de la décennie.

    Vers les sommets ?

    Après "Siamese Dream", Corgan laissait plus ou moins entendre qu'il avait tout donné, que la source était tarie. L'année dernière, malgré tout, "Mellon Collie & The Infinite Sadness" est arrivé à point, rassurant ainsi les inconditionnels des Smashing Pumpkins. Quasiment deux heures d'écoute et pas moins de vingt-huit titres pour un album, où se côtoient ballades savoureuses et riffs destructeurs ! Et, comme pour répondre à ses détracteurs, qui l'accusaient de despotisme après la parution du second album, Corgan, sans s'effacer pour autant, a laissé une marge de manoeuvre bien plus confortable à ses collègues. En outre, l'album fut produit par Flood (Nine Inch Nails et U2) et Alan Mould (My Bloody Valentine et Jesus & Mary Chain), alors que les deux précédents avaient été enregistrés sous la férule de Butch Vig.

    Billy Corgan, justifiant le changement de producteur : "Pour être complètement honnête, je crois qu'on était devenu tellement proches de Butch que ça commençait à nous faire du tort. Tu en arrives forcément au stade où tu n'interviens plus parce que tu connais le langage de ton interlocuteur et les échanges se font plus rares. Nous collaborions avec Butch depuis notre premier single sur Sub Pop. Ca n'a donc pas été une décision légère. J'ai estimé qu'il fallait un peu pousser les choses, du point de vue du son et nous arracher à la tradition Smashing Pumpkins afin d'éviter de répéter quoi que ce soit." C'est ainsi que Corgan a choisi de rencontrer Flood en vue d'enregistrer ce double album. Immédiatement enthousiasmé par l'idée d'un double, Flood a permis aux Smashing Pumpkins de travailler dans des conditions relativement avantageuses puisque les journées de studio n'étaient pas entièrement consacrées à l'enregistrement, laissant au quartette le loisir de jammer deux ou trois heures, histoire d'évacuer les toxines.

    De plus, l'autre innovation par rapport aux albums précédents réside dans l'utilisation de deux pièces d'enregistrement. Billy Corgan s'explique : "On en a parlé avant même de choisir le producteur. Après "Siamese Dream", j'ai essayé d'imaginer comment on pouvait se débarasser de la pression inhérente au travail en studio. Le plus astreignant étant l'attente, lorsque, par exemple, les parties de guitares sont overdubbés. Il y a avait des semaines où les membres du groupe étaient totalement désoeuvrés. Ce qui explique l'utilisation de deux pièces."

    Après un tel album, Billy Corgan apparaît, malgré les critiques, comme un authentique leader. Si Iha, Chamberlin et D'Arcy sont manifestement plus présents sur le dernier album, il n'en demeure pas moins que le guitariste de Chicago est le grand initiateur de ces "essais musicaux". Dans ces conditions, ne risque-t-il pas d'avoir à assumer une position que Kurt Cobain lui-même assurait bon gré mal gré ? Corgan : "Je ne connaissais pas bien Kurt Cobain. Ce que je peux dire, c'est que l'image publique et la vie privée sont deux choses distinctes à mes yeux.. Mais tous ceux qui atteignent ce niveau de notoriété participent quoi qu'ils en disent, à la confusion des choses. Après tout, on n'écrit pas un des meilleurs albums de sa génération par accident !" Tout comme "Mellon Collie & The Infinite Sadness" n'est pas le fruit du pur hasard. Mais bien un pas en avant. Avec ou sans les Smashing Pumpkins, Corgan n'a pas fini de faire parler de lui...

    H.K. Lahan

    Matos

    Billy Corgan et James Iha : Fender Stratocaster et Les Paul Gibson ; préampli Marshall et ampli Mesa Boogie série 500 ; effets : Big Muff Fuzz, Fender Blender, Whammy DigiTech, harmonizer Eventide.

    Présentation du morceau "Bullet With Butterfly Wings"

    Le seul véritable problème pour jouer ce déjà hyper tube réside dans le son. Pour obtenir la même graisse que Corgan et Iha, mettez tout à fond... et au-delà.

    "Nos réglages sont simples : on met tout à fond et ça ne suffit pas encore." Billy Corgan.


Site lancé le 31 mars 2000 - Design, Graphiques et Concept par Florian Reynaud 2000-2002-©
billiejoe@caramail.com