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The Smashing Pumpkins . Revue de Presse
- Avril 1998 - Guitar Part (49)
- En Attendant Adore
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    Smashing Arrière

    L'un s'est compromis avec Ric Ocasek, Courtney Love ; l'autre y est allé de son album solo et a fondé son propre label. Avec tout ça, les Smashing ont quand même trouvé le temps de nous pondre un nouvel album.

    C'est avec une impatience indissimulée qu'on attend le prochain Smashing Pumpkins, intitulé "Adore" et prévu pour la fin mai. Un album qui, aux dires du guitariste James Iha, ne sera pas un album d'inspiration techno, comme pouvait le laisser penser l'orientation de "Mellon Collie & The Infinite Sadness". En effet, pour ce double CD, le cerveau des Smashing Pumpkins n'avait pas hésité à recourir à la technologie, arguant qu'il était rigoureusement impossible de pondre une chanson originale à la guitare. Entre-temps, les choses ont bien changé : le claviériste des Smashing est décédé d'un overdose et le batteur a été proprement viré. Quant au remplaçant de ce dernier, Matt Walker, il est allé s'occuper de ses propres affaires avec le groupe Cupcakes. Ce qui explique pourquoi Corgan et D'Arcy ont essentiellement composé à partir de boîtes à rythmes. Comme le souligne James Iha, c'est le procédé qu'utilisaient les Smashing à leurs débuts, puisqu'ils ont commencé à composer bien avant l'arrivée d'un batteur. Retour aux sources donc, bien loin de l'album "techno" ou de la surprise "unplugged" qu'on évoquait ici ou là. La surprise, elle serait plutôt du côté du batteur, puisque c'est Matt Cameron, de Soundgarden, qui s'est vu confier les fûts. Autre détail et pas des moindres : l'album a été enregistré à Los Angeles, dans les studios mêmes où avait été gravé "Nevermind".

    Depuis le dernier opus des Smashing, Corgan et Iha n'ont pas chômé, loin de là. Le premier a participé de manière conséquente à la mise en boîte du dernier "Ric Ocasek" (en tant que producteur et guitariste) ainsi qu'au prochain "Hole". Quant au second, il a tout simplement fait ce qu'il voulait faire depuis longtemps : son album solo, intitulé "Let It Come Down" (Delabel/Virgin). Bien loin des guitares baroques et distordues des Smashing, le premier opus solo de James Iha est un concentré de folk-rock, qui fait la part belle tant au chant qu'à la guitare acoustique. "Je pense que cet album est le contrepoids des tournées du groupe", commente Iha. A noter qu'ont participé à cet album Nina Gordon, de Veruca Salt, Adam Schlesinger, de Fountains of Wayne, et... D'Arcy. En outre, Iha a fondé un label en association avec Schlesinger, baptisé Scratchie Records, avec une première signature, Mike Ladd.

    D'aucuns diront que l'incartade soloïste de Iha n'est que la suite logique des derniers bouleversements qu'a connu le groupe. Rassurez-vous, il n'y a rien à craindre à en croire Iha, qui aurait été vivement encouragé par Corgan à se lancer dans ce projet. On devrait donc retrouver le mois prochain un groupe uni et, espérons-le, dévastateur.

    La Discographie

    Gish (Hut/1991)

    Enregistré en près de quarante-cinq jours, "Gish" est probablement l'album le moins coûteux des Smashing Pumpkins. C'est aussi le plus spontané et le plus agressif. Produit par Butch Vig, qui forgera le son de "Nevermind", ce premier opus met en valeur la force dévastatrice des Smashing Pumpkins. La recette : "la puissance de Black Sabbath alliée à la dynamique de Led Zeppelin, avec le côté psychédélique de Pink Floyd". Remasterisé par Billy Corgan en 1994, parce que l'oiginal ne satisfaisait pas le groupe, "Gish" contient certaines des compos les plus rageuses du rock alternatif du début des années 90. Avec près de trois cent mille exemplaires vendus, il aurait même pu prétendre à la postérité s'il n'avait pas été éclipsé par l'album de Nirvana, paru un peu avant.

    Siamese Dream (Hut/1993)

    Surpris par le succès de "Gish", les Smashing Pumpkins traverseront une période exécrable. D'Arcy rompt sa liaison avec James Iha ; Chamberlin sombre dans l'alcool et la drogue. Quant à Billy Corgan, victime d'une dépression nerveuse, il devra interrompre ses activités quelques temps. "Siamese Dream" marque ainsi la fin d'une pause introspective et la rémission du chanteur. Un chanteur qui ne laissera guère de marge de manoeuvre à ses partenaires, puisqu'il jouera lui-même les parties de guitare et de basse. Particulièrement sombre, ce deuxième opus contient, entre autres perles noires, Space Boy, Disarm et le tube Today. Compte tenu des relations détestables qui pourissent le groupe, Corgan s'isole jusqu'à devenir aux yeux de tous le "tyran des Smashing Pumpkins".

    Mellon Collie & The Infinite Sadness (Virgin/1995)

    Confortés par le succès foudroyant de "Siamese Dream", les Smashing Pumpkins se lancent dans une aventure ambitieuse, qui durera près de cinq mois et demi : un double album concept qui succède à la sortie de "Pisces Iscariot", compilation de faces B. Cette fois, c'en est fini de la prépondérance des guitares. Billy Corgan et James Iha s'attachent à défricher de nouvelles terres notamment en recourant à la technologie. Certes, les guitares des Smashing Pumpkins sont toujours présentes. Mais le but recherché n'est plus le wall of sound psychédélique. Le groupe soigne les textures, les ambiances. "Il est quasiment impossible de créer quelque chose qui te soit vraiment personnel", déclare Billy Corgan, évoquant sa curiosité à l'égard des machines. Entre autres titres attestant de ce changement de cap, Keep It, qui comporte des samples de guitares aux sonorités détonnantes.

    The Aeroplane Flies High (Virgin/1997)

    Après l'audace de "Mellon Collie & The Infinite Sadness", on n'attendait pas de Billy Corgan et consorts qu'ils lancent un pareil défi : un coffret cinq-CD, qui comprend les cinq singles extraits de l'album précédent, les faces B correspondantes, ainsi qu'un Tribute To Johnny Winter, par ailleurs l'un des guitaristes préférés de James Iha. A signaler également quelques reprises qui datent des années quatre-vingts : Clones, d'Alice Cooper ; Dreaming, de Blondie (avec D'Arcy au chant) ; A Night Like This, de Cure, exécuté à l'acoustique et agrémenté d'un violon ; Destination Unknown, des Missing Persons.
    En fait, ce projet de faces B est en chantier depuis 1991, à l'époque de "Gish", alors que les Smashing avaient été sollicités pour sélectionner des faces B. Depuis, le groupe a pris pour habitude de produire beaucoup plus qu'on ne lui demandait, en l'occurence, une bonne soixantaine de titres supplémentaires.

    Démian

    Gratte-Moi Là

    La guitare de prédilection de Billy Corgan, c'est la Fender Stratocaster. Entre autres pièces d'orfèvrerie : une réédition du modèle de 1957 et une Strat de 1974, équipée de micros Lace Sensor.

    Sur l'album "Mellon Collie & The Infinite Sadness", le chanteur des Smashing Pumpkins utilisait également d'autres guitares : modèles SG, Les Paul, Jazzmaster et Jaguar ainsi que des acoustiques.

    Chaîne d'amplification : Ampli Marshall JCM 800 qui date de 1984 ; préampli ADA remplacé plus tard par les effets suivants : Flanger Boss, Mu-Tron, pédale Fender Blender, Big Muff, whammy DigiTech, Electro-harmonix Microsynthetizer, compresseur Alesis 3630, Ultra Harmonizer Eventide H3000SE. La chaîne peut varier ainsi : Préampli Marshall JMP-1 ; ampli de puissance Mesa Boogie 500 ; tête TriAxis plus pédale MIDI Mitigator.

    Analyse du Titre "1979"

    Billy Corgan, le guitariste chanteur, leader et principal compositeur des Smashing Pumpkins, possède un incroyable talent pour créer des rythmiques entraînantes dans ses compositions très singulières. Son approche créative de la guitare rythmique lui a permis de se forger une "voix" reconnaissable dans ce domaine et la force de ses interventions rythmiques est à la base même de la plupart des hits du groupe.

    Pour la rythmique principale de 1979, Billy Corgan utilise "un plan en octaves par dessus une note en pédale". Késaco ??? Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas ces termes, une octave est intervalle de 12 demi-tons (soit 12 frettes sur la même corde) entre deux notes ; ces deux notes sont en fait la même note à deux différents registres. Par exemple, une octave de LA est composée de deux LA, la deuxième note étant jouée 12 demi-tons (6 tons entiers) ou une octave plus haut. Dans les deux premières mesures du riff d'intro, Billy Corgan joue une séquence en octaves sur les cinquième et troisième cordes par dessus une corde de MI grave à vide, ou pédale de MI. Le terme "pédale" s'applique à une note tenue ou bien qui se répète de manière continue. Bien que ce ne soit pas à proprement parler des accords, ces octaves de RE#, MI et SI sous-entendent la tonalité de MI Majeur7, puisque ces trois notes font partie de l'accord MI Majeur 7 (MI, SOL#, SI, RE#).

    Dans les mesures 3 et 4, Billy passe à un motif en single notes sur la quatrième corde avec cette fois le LA à vide (cinquième corde en note pédale), motif qui fait ressortir l'accord de LA Majeur 7 (LA, DO#, MI, SOL#). Cette phrase utilise les notes de la gamme de MI Majeur (MI, FA#, SOL#, SI, DO#, RE#).

    Son penchant pour les octaves par-dessus une note en pédale a inspiré à Billy Corgan ce qu'il a appelé "l'accord Pumpkins", soit une octave de SOL# sur les cordes 5 et 3 par dessus un MI grave (0-11-x-13-x-x). Lorsque vous jouerez cet accord, faites attention à bien étouffer les cordes que vous ne jouez pas (4, 2, et 1) avec la main gauche. Cet "accord Pumpkins" est la source de maintes controverses ; en mars 1994, Billy déclarait à Guitar World : "Beaucoup de vos lecteurs m'ont envoyé des lettres qui disaient "Jimi a joué cet accord avant toi alors pour qui te prends-tu en clamant haut et fort que c'est ton accord ?". Et c'est vrai qu'Hendrix a joué une octave de SOL# par dessus une pédale de MI dans le début de la mélodie de Third Stone From The Sun, tiré de l'album "Are You Experienced ?". J'aime bien ce type de voicings aigus qui forment un contraste avec les voix. Et comme nous utilisons cet accord très souvent, je me suis mis à dire que c'est mon accord. C'était une blague bien sûr mais tout le monde a pris cela au premier degrès."

    Le morceau du groupe le plus associé à cet accord est le premier titre de l'album "Siamese Dream", Cherub Rock. Dans le même esprit que 1979, Zero (tiré du même album "Mellon Collie & The Infinite Sadness") démarre également sur des octaves par-dessus une pédale de MI, avec en plus des harmoniques naturelles.

    Maintenant que vous avez pu examiner la façon dont Billy Corgan utilise les octaves par dessus les notes pédales, essayez d'écrire vos propres morceaux en utilisant ce concept. Evitez en revanche de vouloir vous approprier cette octave de SOL# sur MI, c'est déjà fait.

    Basse : D'Arcy, la bassiste des Pumpkins, utilise une approche simple mais qui a fait ses preuves, en calant sa ligne de basse sur la tonique de chaque accord avec un débit de croches. Ce qui rend cette ligne de basse efficace n'est pas tant ce qui est joué que ce qui ne l'est pas.

    Le morceau débute sans basse (ce que l'on appelle Bass Tacet en langage musical) jusqu'à la mesure 13 où la basse arrive subrepticement avant de prendre du volume lorsque le riff principal est répété. Elle est présente tout au long du couplet et du refrain, soulevant le groove et entraînant le morceau. Au bout d'une minute et demie, la basse se tait de nouveau ce qui donne une morceau une impression de légèreté. A partir de là, la basse entre et sort du morceau à des endroits stratégiques. Pendant le pont, une deuxième basse est overdubbée ; cet overdub est similaire à la ligne de basse principale, mais il est plus mélodique et joué au médiator (d'où un son plus aigu). Bien qu'interprété sur une 4-cordes, cet overdub est joué dans un esprit 6-cordes, comme c'est le cas dans bon nombre de classique du rock'n'roll (dans les années cinquante et au début des sixties), la basse était monnaie courante dans le monde du rock, du rhythm'n'blues et de la country, alors qu'elle est utilisée avec parcimonie de nos jours.

    J.C. Thomas, d'après l'analyse d'Andy Aledort


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